11. La mécanique

L’acte I « écriture syllabique » est consacré à la description du fonctionnement et de l’apparence du Linéaire Z

Le Linéaire Z n’est ni une langue ni une codification de notre écriture alphabétique. C’est une écriture syllabique et phonétique destinée à l’usage des francophones.

La description du mécanisme syllabique du Linéaire Z utilise une terminologie spéciale. Par exemple, les signes de base sont appelés phonogrammes et ils représentent des phones. On trouvera un glossaire en fin de page ou ici.

AVERTISSEMENT : les lignes qui suivent sont susceptibles de heurter la sensibilité de nos amis linguistes et phonéticiens. On espère qu’ils sauront pardonner les quelques libertés prises avec la terminologie ou les concepts de leurs sciences qui ne sont ici nullement remises en questions. Ces libertés n’ont pour but que de rendre rapidement accessible au plus grand nombre le mécanisme syllabique du Linéaire Z.

Principe général

45 signes (les phonogrammes de base) représentent 45 syllabes (les phones de base). 8 signes additionnels (les altérations) peuvent modifier la prononciation de ces syllabes. Les multiples combinaisons possibles entre les phonogrammes et les altérations permettent de retranscrire les centaines de syllabes de la langue française.

Le syllabaire de base

Le syllabaire de base réunit dans un ordre établi des 45 phonogrammes qui représentent les 45 phones de base. Ils sont ici accompagnés de leur transcription phonétique alphabétique en italique.

les 5 phonogrammes de la première ligne représentent les phones camériques de base : a, e, i, o et u. Suivent 40 phones portés de base : ba, be, bi, bo, bu, da / de, di, do, du, etc…

Ce matériel rudimentaire permet déjà l’écriture de quelques mots :

Les altérations

Les 45 phonogrammes de base ne peuvent pas écrire toutes les syllabes de la langue française sans l’aide des 8 altérations qui peuvent en modifier la prononciation, multipliant ainsi les possibilités phonétiques de chaque signe.

Le pied ()

Le pied est une altération terrestre représentée par un chevron pointé vers le haut qu’on place sous le phonogramme pour modifier la prononciation de la porte du phone. Par exemple, la porte b devient p.

Les portes des phones de base sont dites douce. L’ajout d’un pied entraîne le durcissement de la porte du phone de base. Bref, le pied durcit la porte.

Tous les phonogrammes portés peuvent être altérés par le pied.

La main ()

La main est une altération aérienne représentée par un chevron pointé vers le bas qu’on place au dessus du phonogramme pour modifier la prononciation de la chambre du phone. La main nasalise les chambres a, i et o. Ainsi, a devient an, i devient in et o devient on.

27 phonogrammes peuvent être altérés par la main.

Les têtes ( )

Comme la main, les têtes sont des altérations aériennes. On les place au dessus du phonogramme pour modifier la chambre du phone.

La tête simple () vocalise les chambres e qui devient è et u qui devient ou.

La tête plate () comprime la chambre. Son potentiel altératif est vaste puisque elle pourrait agir sur a, e et o. Pour le moment, elle est présentée comme ne modifiant que la chambre e qui alors devient eu.

La tête aiguë () n’agit que sur la chambre e. l’idée est de cumuler les actions modificatrices de la tête simple et de la tête plate ; vocaliser et comprimer simultanément la chambre e qui devient alors é.

36 phonogrammes sont actuellement entêtables.

Combinaisons d’altérations

Les altérations aériennes, main et têtes, peuvent se combiner avec l’altération terrestre, le pied. Par exemple, avec le seul phone de base ba, on obtient pa avec le pied, ban avec la main, et pan en cumulant les actions modificatrices du pied et de la main.

Ce principe combinatoire vaut également pour les deux altérations latérales qui suivent.

La queue ()

La queue est une altération latérale qui tronque la chambre finale. C’est un chevron pointé vers la gauche, accolé à droite d’un phonogramme dont la chambre est e. Elle indique que cette chambre n’est pas ou peu prononcée. Elle ne peut être utilisée qu’en fin de mot.

La flèche ()

La flèche est une altération latérale qui retourne les phones portés. C’est un chevron pointé vers la droite, accolé à gauche d’un phonogramme représentant un phone dont la chambre doit alors être prononcée avant la porte.

La pertinence de la flèche dans le matériel mécanique du Linéaire Z est, encore aujourd’hui, âprement discutée. D’aucuns prétendent qu’elle remettrait en cause la nature syllabique du Linéaire Z. En fait, cette altération n’est pas strictement indispensable, certains surcodages de l’Acte II en sont d’ailleurs dépourvus et elle sert surtout à réduire le nombre de phonogrammes nécessaires à l’écriture de certains mots.

Le corpus des phonogrammes

Le corpus est constitué de toutes les variations monophonogrammiques. C’est à dire toutes les combinaisons possibles entre chaque phonogramme de base et une ou plusieurs altérations parmi le pied, la main, les têtes, la flèche et la queue. Le corpus qui suit contient 412 phonogrammes représentant autant de phones, donc autant de syllabes ou partie de syllabes qu’il est possible d’écrire avec un seul phonogramme.

D’abord les 12 camériques

Puis les 400 portés

Le bras ()

Le bras n’est pas un signe diacritique rattaché à un seul phonogramme comme les autres altérations. C’est un tiret placé entre deux phonogrammes qui se trouvent ainsi liés. Cette suite de phonogrammes représente alors une seule syllabe et doit donc se lire d’une seule émission de voix.

Le bras agit sur la chambre du phone qui le précède mais la nature de son action modificatrice dépend de l’attaque du phone qui le suit.

antichambre

Si le phone qui suit le bras débute par une chambre (phone camérique ou phone fléché), la chambre du phone qui le précède s’altère en antichambre, comme dans le mot bois qui s’écrit boua (donc avec 2 phonogrammes) mais qui ne constitue à lui seul qu’une seule syllabe. Seules les chambres i, u et ou sont susceptibles de s’altérer en antichambre.

multiporte

Si le phone qui suit le bras commence par une porte (tout phone porté non fléché), la chambre du phone qui le précède est purement et simplement ignorée. Deux portes sont alors prononcées consécutivement avant la chambre du dernier phone, comme dans la mot bras qui s’écrit bara.

L’écriture des multiportes obéit à une règle d’accord. Les chambres des phonogrammes liés par la porte s’accordent avec la chambre du dernier phone la suite, celle qui sera effectivement prononcée. Par exemple, le mot bras s’écrit bara et non bera ou bura. Cet accord ne s’étend pas à une éventuelle altération de la chambre de la syllabe ainsi construite. Par exemple, le mot blé s’écrit be et non .

Conventions particulières

Ces conventions répondent à certaines particularités phonétiques non prévues par la règle générale qui vient d’être énoncée.

L’élision et la liaison

La langue française contient de nombreux phones partagés, ces syllabes qui appartiennent à deux mots différents. L’écriture en Linéaire Z de ces phones partagés est assez intuitive, surtout en ce qui concerne l’élision.

Pour la liaison, on veillera à réserver son écriture aux cas nécessaires à la compréhension du texte.

Altérations surprenantes

lorsqu’un mot se termine par une chambre tronquée, elle-même précédée de l’antichambre i-, on n’a pas d’autre choix que d’accoler une queue au phonogramme camérique e.

La nasale vélaire voisée est sans doute le seul son d’origine non-francophone qu’il paraissait nécessaire de pouvoir écrire en Linéaire Z tant son utilisation est courante en français. On utilise le phonogramme gi altéré par deux mains, fléché et lié au phonogramme précédent qui représente obligatoirement un phone dont la chambre est i.

Les signes idéographiques

On trouvera ici tous les signes qui ne relèvent pas d’une logique phonétique.

Encore dépourvu du concept majuscule/minuscule, le Linéaire Z a dû se doter d’éléments graphiques spéciaux pour signaler la présence d’un nom propre. Ces déterminatifs se placent avant et après le nom mis en évidence.

Le système décimal du Linéaire Z, comme les autres, découle d’un choix naturel dicté par le nombre des doigts des deux mains.

Les signes de ponctuation sont composés exclusivement de points dont l’agencement ou la situation par rapport à la ligne de texte déterminent la signification.

Exemple de texte transcrit

Le pangramme qui suit contient tous les phonogrammes de base et met en application la plupart des règles mécaniques exposées plus haut.

Chaque ligne de texte est déclinée en 4 niveaux de lecture : Linéaire Z, semi-transcription, transcription et alphabétique.


Terminologie du Linéaire Z

La description du mécanisme d’une écriture syllabique qui prétend s’affranchir de toute référence alphabétique implique l’omission de certains mots comme consonne, voyelle, accent, etc… On leur a préféré des termes simples et imagés, offrant des propriétés mnémotechniques stimulantes.

Phonogramme : unité graphique. Signe du Linéaire Z dont la lecture à haute voix produit un son, un phone.

Phone : unité phonétique. Son produit par la lecture à haute voix d’un phonogramme.

Phone porté : phone composé d’une porte et d’une chambre.

Porte : son du langage caractérisé par la présence d’un obstacle dans le conduit vocal.

Chambre : son du langage impliquant le libre écoulement de l’air expiré à travers le conduit vocal.

Phone camérique : phone dépourvu de porte, constitué d’une chambre seule.

Altération : signe diacritique accolé à un phonogramme dont la prononciation est alors modifiée.

Phonogramme altéré : phonogramme flanqué d’une ou plusieurs altérations.

Altération terrestre : altération placée en dessous du phonogramme qui modifie la prononciation de la porte du phone.

Pied : altération terrestre, chevron placé au dessous du phonogramme. Le pied durcit la porte du phone. Dans six cas sur huit, l’action du pied revient à dévoiser la porte douce (sonore) pour en faire une porte dure (sourde).

Altérations aériennes : altérations placées au dessus du phonogramme qui modifient la prononciation de la chambre du phone. Les altération aériennes sont la main qui nasalise la chambre, la tête simple qui la vocalise, la tête plate qui la comprime et la tête aigüe qui la vocalise et la comprime simultanément. Pour un phonogramme donné, on ne peut utiliser qu’une altération aérienne à la fois.

Queue : altération latérale, chevron accolé placé derrière un phonogramme. La queue abrège le phone. Elle rend muette la chambre e, qui alors n’est pas ou peu prononcée. La queue ne peut être utilisée qu’en fin de mot.

Flèche : altération latérale. Chevron accolé devant le phonogramme. La flèche indique une inversion du sens de lecture : la chambre est prononcée avant la porte. La pertinence de la flèche dans le matériel mécanique du Linéaire Z est, encore aujourd’hui, âprement discutée. D’aucuns prétendent toujours qu’elle remettrait en cause la nature syllabique du Linéaire Z. En fait, cette altération n’est pas strictement indispensable, certains surcodages de l’Acte II en sont d’ailleurs dépourvus. Elle sert surtout à réduire le nombre de phonogrammes nécessaires à l’écriture de certains mots.

Bras : altération latérale spéciale, placée entre deux phonogrammes. Le bras relie plusieurs phonogrammes qui constituent alors une suite. Son influence dépend du contexte local : il permet l’écriture d’antichambres ou de multiportes, selon les cas.

Antichambre : chambre altérée par le bras qui en modifie le timbre par des bruits de friction, une déstabilisation de la période et l’apparition d’une nature transitoire, ce qui permet l’adjonction d’une chambre supplémentaire à la syllabe.

Multiporte : agglutination de deux, trois, voire quatre portes prononcées consécutivement, sans chambre. Comme l’antichambre, la multiporte s’obtient grâce à l’utilisation du bras.

Transcription : système de notation phonétique basé sur notre alphabet latin créé pour pallier l’hermétisme graphique de l’API (Alphabet Phonétique International) et de sérieuses complications de mise en page. La transcription permet aux francophones alphabètes moyens de visualiser facilement les sons écrits par les phonogrammes.

Semi-transcription : système de notation phonétique intermédiaire où seuls les phonogrammes de base sont transcrits tandis que les altérations conservent leur forme du Linéaire Z.